La place de la médecine traditionnelle

La médecine traditionnelle englobe « les pratiques, les méthodes, les savoirs et les croyances en matière de santé impliquant l’utilisation de plantes, de parties d’animaux, de minéraux, de thérapies spirituelles ainsi que de techniques et d’exercices manuels à des fins médicales ». – d’après l’OMS.

Quelle place tient cette méthode de traitement ancien dans le système de santé actuel ? Voyons ce que révèlent les statistiques.

La popularité de la médecine traditionnelle (MTR)

Comme son nom l’indique, la MTR est pratiquée depuis des millénaires. Aujourd’hui encore, elle occupe une grande place dans les pays africains et asiatiques. En effet, 80 % de la population africaine utilisent encore des remèdes traditionnels pour combler leurs besoins en soins de santé primaires. Et 40 pays du continent ont instauré des cadres politiques pour la MTR. En Chine aussi, les préparations traditionnelles représentent presque la moitié de la consommation totale de médicaments. Et même dans les pays occidentaux, cette pratique connaît une popularité croissante. Entre autres, plus de 50 % de la population européenne ont déjà eu recours à des thérapies traditionnelles, telles que l’acupuncture et l’ayurveda.

La MTR aux yeux de l’OMS

L’OMS reconnaît que la MTR présente de nombreux bienfaits et que la médecine moderne pourrait tirer profit de cette pratique. Plus de 25 % des médicaments conventionnels sont d’ailleurs préparés à partir des plantes utilisées traditionnellement auparavant.

Au cours des deux dernières décennies, l’OMS a élaboré des stratégies visant à promouvoir une MTR efficace, fiable et accessible. Avant 2010, le programme s’est plus focalisé sur le continent africain. La période 2001 à 2010 a été désignée comme la « décennie de la médecine traditionnelle en Afrique ». Le 31 août a été institué journée mondiale de la médecine traditionnelle africaine depuis 2003. C’est à la fin de l’année 2010 que l’OMS a déclaré le déploiement d’un projet de classification internationale de la MTR. Dans cette optique, elle encourage les recherches en fournissant des financements pour les études et les tests cliniques. Le but est de mettre au point des thérapies efficaces et sans risque pouvant être utilisées en Afrique et partout dans le monde.

La MTR face au Coronavirus

La pandémie a suscité la mise en valeur de la MTR.

En Afrique, de nombreux traitements à base de plantes médicinales ont été proposés pour lutter contre le Covid-19. Par exemple, Le Covid Organics Plus Curative (à base d’Artemisia) élaboré à Madagascar, fait actuellement l’objet de tests cliniques de phase III. Les résultats préliminaires sont plutôt encourageants. Divers remèdes mis au point par des chercheurs tradipraticiens sont également en cours d’essais dans 12 autres pays africains, à savoir la République démocratique du Congo, l’Ouganda, l’Afrique du Sud et le Nigeria.

En Chine, les médicaments issus des plantes ont été également très utilisés comme première ligne de défense contre le Coronavirus. La revue scientifique Nature cite entre autres les capsules de Lianhua Qingwen (à base de 11 herbes médicinales) et les granules de Radix isatidis (à base de racines d’Isatis indigotica Fort séchées). Déjà utilisés en 2003 pour traiter le Sras, ces remèdes se sont révélés efficaces pour alléger certains symptômes du Covid-19, tels que la toux, les désordres digestifs et l’anxiété.

Il s’avère aussi que la demande des pays occidentaux en matière d’herbes médicinales a connu une forte hausse durant la crise sanitaire. D’après les données officielles, l’Albanie a par exemple réalisé un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros pour 14 000 tonnes d’herbes médicinales et aromatiques exportées en 2020 (ce qui représente une hausse de 15 % sur un an).

Toutefois, « la MTR n’est pas encore appréciée à sa juste valeur » d’après Justin Mwamba, un chercheur tradipraticien congolais. Le 31 Août dernier à Goma, il a prôné la collaboration entre la médecine moderne et traditionnelle. Selon ses dires, « il y a différentes barrières entre la médecine moderne et la médecine traditionnelle, ce qui fait que plusieurs maladies restent incurables. »

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